Introduction
“Accord immobilier” ne signifie pas seulement trouver un bien : il faut aussi pouvoir le payer. Dans ce contexte, le concept d’abordabilité — c’est-à-dire la capacité d’un ménage à supporter le coût d’un logement (achat ou loyer) sans déséquilibre économique — devient central. Cet article analyse les données récentes pour évaluer dans quelle mesure le logement reste accessible aux classes moyennes en Algérie.
Évolution des prix des logements vs inflation générale
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Inflation globale : de 2021 à 2023, l’Algérie a enregistré des taux d’inflation élevés (+7,2 % en 2021, ~+9,3 % en 2022 et 2023). Ralentissement en 2024 à ~+4,1 %. El watan+1
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Les prix immobiliers, en particulier des logements neufs dans les grandes villes et des quartiers premium, souvent augmentent à un rythme supérieur à l’inflation, à cause des coûts de construction, du foncier urbain, des matériaux importés, etc.
Revenus, chômage et impact sur la capacité d’achat
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Le taux de chômage, récemment revu pour 2024, est de ~9,7 % selon l’ONS, après prise en compte des corrections. L’Express Quotidien+1
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En revanche, chez les jeunes (16-24 ans), le chômage reste très élevé (~29,3 %) ce qui limite fortement la demande solvable pour les logements achetés ou même en location. Algerie Eco
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Le taux d’emploi global est faible (~36,4 %) avec une part très réduite pour les femmes (~14,3 %) ce qui réduit la taille de la population disposant de revenus réguliers et stables. Algerie Eco
Coûts de logement & “taux d’effort”
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Prix d’achat :
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À Alger centre, environ 247.352 DA/m² d’après les dernières données (~2025) pour logement urbain de qualité. Combien coûte
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À Oran, selon le quartier et type de bien, entre 150.000 et 220.000 DA/m² pour biens bien situés ou neufs. Lamacta
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Loyers :
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Pour un studio périphérique, ~14.000-25.000 DZD/mois pour périmètres modestes ; dans des quartiers d’élite, cela peut atteindre 60-65.000 DZD ou plus. Lkeria
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Nombre d’années de revenu nécessaires (taux d’effort) : dans des études antérieures, la “Caisse nationale du logement (CNL)” estimait qu’un salarié moyen, avec salaire autour de 41.000 DA/mois, devrait consacrer un nombre important d’années pour acheter un logement : environ 15 ans pour un logement collectif, 39 ans pour une maison individuelle dans certaines évaluations. Toutefois ces chiffres anciens doivent être mis à jour compte tenu de l’inflation, des prix d’achat actuels, et des revenus révisés. Lamacta+3Aps+3Beytic+3
Coût de construction et contraintes d’offre
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Le surcoût des matériaux, surtout importés, reste une tension : variations du taux de change, droits d’importation, transport international, pénuries locales peuvent provoquer des retards ou des hausses.
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L’offre programmée : PLF 2025 prévoit 235.000 logements neufs mais la qualité, l’emplacement, le mode (neuf ou ancien), les infrastructures connexes (voierie, eau, électricité, transports) peuvent varier fortement. Aps
Estimations de l’abordabilité actuelle
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Pour un ménage moyen (revenu stable, non multiple source) souhaitant acheter à Alger centre, avec un prix de ~250.000 DA/m², un appartement de 80 m² coûterait ~ 20 millions DA. Si ce ménage dispose d’un revenu mensuel de ~ 80.000-100.000 DA (hypothèse pour la haute moyenne), et qu’il peut consacrer 30-35 % du revenu au remboursement hypothécaire, cela impliquerait un prêt de longue durée ou un apport très élevé.
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En location, si un loyer de 40-50.000 DA/mois est nécessaire pour un appartement de standing ou bien situé, le coût annuel représente une part importante du revenu, surtout si la famille ne dispose pas de deux revenus ou de revenu complémentaire.
Solutions & pistes pour améliorer l’accès
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Faciliter l’accès au crédit immobilier : taux raisonnables, durée longue, apports réduits, garanties simplifiées.
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Encourager la construction de logements de classe moyenne, non premium, dans des zones bien desservies mais moins coûteuses.
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Subventions ciblées, bonification de taux, aides à l’apport, allégements fiscaux pour les acheteurs de première maison.
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Améliorer transport, services publics, infrastructures pour étendre l’accessibilité en périphérie afin de réduire le prix du foncier.
Conclusion
L’abordabilité du logement en Algérie est de plus en plus mise à l’épreuve. Bien que le contexte économique présente des éléments favorables, les défis structurels — revenus faibles ou instables, chômage élevé, inflation des coûts — demeurent majeurs. Pour que le logement reste un droit accessible, il faudra conjuguer politiques publiques ambitieuses, innovation dans le financement, et offre diversifiée tant en types de logement qu’en localisation.
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